Marseille : le voleur de gasoil qui avait forcé un barrage de police maintenu en détention
Pour sauver son modeste butin, 1000 litres de gasoil dérobés dans la zone industrielle des Estroublans, à Vitrolles, le conducteur d’un fourgon et son complice avaient pris tous les risques. Chassés par un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) après leur refus de se soumettre à un contrôle, les malfaiteurs s’étaient lancés dans une folle échappée entre Vitrolles et Marseille.
Après une vingtaine de minutes de course-poursuite, face au comportement dangereux du pilote, un barrage était dressé par un équipage du service interdépartemental de sécurisation des transports en commun (SISTC) dans le quartier de La Viste (15e). Mais le pilote, déterminé, n’avait pas hésité à percuter le véhicule sérigraphié pour forcer le passage, faisant cinq blessés parmi les policiers, avant d’être finalement stoppé quelques mètres plus loin par des tirs dans ses pneus. C’est du moins la version donnée par l’ensemble des policiers ayant participé à cette spectaculaire interpellation, dimanche dernier, sur les coups des 23 heures…
Hier en début d’après-midi, le chauffard a été présenté en comparution immédiate pour répondre des chefs de "violence aggravée et refus d’obtempérer". Solide gaillard de 36 ans, titulaire d’un casier judiciaire chargé de sept condamnations - dont des affaires de stupéfiants, et une détention d’armes et d’explosifs - Bouzid Doghmane a fait face à quatre des policiers blessés, dont deux portant une minerve, qui se sont vu attribuer de 4 à 6 jours d’ITT. Une audience qui en appellera une autre : Me Pascal Luongo, l’avocat du prévenu, a fait valoir son droit à un délai pour préparer sa défense. Il a également demandé un supplément d’informations en pointant des zones d’ombre dans le récit des policiers.
"Toutes les auditions des fonctionnaires donnent la même version au mot près, comme s’ils s’étaient concertés", grimace l’avocat, en s’interrogeant sur les circonstances dans lesquelles un agent a usé de son arme, et en soulevant l’hypothèse, qu’en réalité, "c’est peut-être la voiture des policiers qui a frappé le fourgon et pas l’inverse". Pour éclairer ce dossier "très sensible", Me Luongo a réclamé "une expertise des véhicules et le visionnage d’éventuelles images de vidéosurveillance qui auraient pu être enregistrées" sur le lieu du carambolage. "Ces sous-entendus sont très désagréables. On est dans le cadre d’une action anti-police. Ce sont eux les cibles", s’est offusquée l’avocate des victimes, suivie par la procureure, Eve Tassin qui a qualifié, les doutes de la défense de "méli-mélo".
À l’issue d’une courte délibération, la demande de supplément d’informations a été rejetée par le tribunal, hormis pour la recherche d’éventuelles caméras. La date du procès sur le fond a été fixée au 29 septembre. En attendant, Bouzid Doghmane sera maintenu en détention. Son complice, lui, sera jugé des seuls faits de vol d’hydrocarbure.